C'est nous

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lundi 1 août 2011

Pakse et le plateau des Bolovens

Nous sommes partis de Champassak sous la pluie et sommes arrivés à Paksé sous la pluie. Du coup nous avons quelque peu changé nos plans. Nous avions prévu de partir dans la foulée pour les Boloven et en particulier Tad Lo, mais avons décidé de rester la journée à Paksé afin d’aviser. C’est que depuis quelques jours nous réfléchissons à continuer notre voyage au Laos pour être honnête. En effet, la pluie incessante sur les 3 derniers jours nous a quelque peu refroidi et toutes les personnes que nous rencontrons nous disent que dans le nord c’est le déluge… Bref nous nous installons à Pakse dans une charmante guesthouse et revisitons l’ensemble des opportunités qui s’offrent à nous afin d’éviter la pluie
ð     éviter le nord et passer directement au Vietnam en faisant le nord et en descendant tranquillement vers Ho Chi Minh pour le 24 aout (point de rencontre avec Sœur Christine) – mais la pluie s’annonce sérieuse aussi dans le nord du Vietnam
ð     Filer 3 semaines en Indonésie où il ne pleut quasiment pas et revenir le 24 à HCMV. Là encore nous explorons les possibilités de vols via Airasia mais le coût est un peu prohibitif tout de même.
ð     Ne rien changer à nos plans et rester sur l’idée de partir dans le nord du Laos faire quelques treks avant de redescendre sur Luang Prabang et filer au Vietnam via la plaine des Jarres.
Après mures réflexions nous décidons de partir coûte que coûte le lendemain aux Bolovens et de prendre notre décision au retour.




La journée à Paksé se résume à une journée intermédiaire. Un indien pour le déjeuner, quelques courses type pharmacie et une bonne sieste.

Le lendemain nous partons pour Tadlo. Tuk tuk pour la gare de bus de Pakse et bus local. Le tuk tuk négocié n’est pas au rendez vous. Matt part en chercher un autre et fini par ramener celui négocié la veille (en renégociant… c’est le Laos) et nous arrivons 20 minutes avant le bus de 8h ! Chouette… Sauf que le bus est finalement programmé à 8h30 et qu’il ne partira qu’à 9h45… C’est le Laos.
Finalement après 1h30 de bus nous arrivons à l’intersection et partageons un tuk tuk avec d’autres touristes. Déposés devant la Palamey Guesthouse (recommandée par quelques espagnols aux 4000 îles) nous trouvons un magnifique bungalow avec vue sur les rizières pour 60000 Kip (5,4 euros pour les novices en devises Lao). Bien nous en a pris le lieu se révèle magique.




Nous louons une moto et partons à la découverte du marché de Salavan, situé à quelques 30 kilomètres de Tadlo. La route est magnifique au milieu des rizières…
Arrivés à Salavan nous allons dans un premier temps à l’office du tourisme… car il en existe un. Après confirmation de là où se trouve le marché recherché nous prenons aussi une brochure sur l’UXO-LAO (entendez Unexploded Ordonance – Lao, l’organisme lao en charge du déminage du pays…).
La visite du marché est très sympathique. A Salavan vous pouvez acheter un écureuil grillé, des criquets, des grenouilles et autres créatures insolites… Nous faisons un premier tour et achetons une nouvelle ceinture à Matt (2 dollars la ceinture en cuir, il en aura sûrement besoin un jour !!) et achetons quelques délices locaux (des beignets aux pousses de soja ou encore du riz gluant cuit dans des feuilles de bananiers… au final Hélène trouvera les beignets acceptables mais nous n’aimerons pas trop le riz gluant violet cuit dans les feuilles de bananiers…).
Après le marché nous partons pour l’agence UXO-Lao. Matt a envie d’y aller et il nous semble que c’est une excellente étape afin de comprendre ce que furent les bombardements américains (officieux mais réels) et leurs conséquences actuelles.



Alors pour résumer, le Lao est le pays ayant connu le bombardement le plus éprouvant de l’histoire. Environ 70 millions de tonnes de bombes en 9 ans. Une moyenne de 21 tonnes de bombes quotidiennes pendant 9 ans… que dire !!! Et quelles bombes, des bombes à fragmentation… donc imaginez une grosse bombe en métal contenant en moyenne environ 200 « bombies » (petites bombes en forme de boule pétanque supposées éclater à l’atterrissage et devant causer de nombreux dégâts). Le problème des bombes à fragmentation c’est qu’il en reste environ 20% qui n’ont pas explosées… Donc aujourd’hui ce sont encore 30 millions de « bombies » qui sont toujours amorcées sur le territoire Lao. Les enfants les confondent avec les ballons donc imaginez les dégâts… un bras ou une jambe en moins ! Nous discutons avec un responsable du centre qui nous explique quelles sont leurs actions : le déminage bien sur, mais aussi de la prévention et de l’éducation ou encore des recensements afin de mieux cibler leurs actions. Depuis 1996, moins de 1% (oui oui moins de 1%) des « bombies » ont été désamorcées et il faut en moyenne 1 mois afin de nettoyer 1 hectare de terrain. Travail de longue haleine, voire de très longue haleine. Il faudra au moins 150 ans afin de déminer le pays… Conséquence d’une guerre que nous n’avons pas connue, le Laos n’a pas été « officiellement » bombardé par les américains pendant la guerre du Vietnam. C’était une sale guerre mais le stock de bombes à fragmentation existe encore et est toujours utilisé régulièrement (Yougoslavie, Kosovo…). Bref nous n’épiloguerons pas là-dessus mais il existe bien une certaine controverse.



De retour à Tadlo nous poursuivons sur quelques kilomètres afin d’aller voir la cascade du coin. Quelques kilomètres en moto et ensuite quelques centaines de mètres sur un sentier ultra boueux guidés par les enfants locaux tout content de trouver des compagnons pour aller faire les zouaves dans les cascades. Nous mettrons quasiment une bonne demi heure pour parcourir le sentier et nous serons bon pour quelques glissades et une bonne chute pour Hélène (son pantalon s’en souviendra…).



La cascade est magnifique et malgré le fort débit nous pouvons sauter de pierre en pierre avec les enfants. Ceux-ci nous impressionnent tant par leur agilité que par leur courage à sauter dans la cascade. Nous ne ferons pas mieux qu’eux. Le sentier au retour est toujours aussi boueux et en descente. Du coup nous abandonnons les tongs et essayons tant bien que mal de nous en sortir sans se faire mal. Les enfants coupent des branches et les mettent par terre afin de limiter les glissades. Nous nous en sortons en grande partie grâce à eux ! Arrivés à la moto ceux-ci ne perdent pas le nord et essayent de nous soutirer quelques dollars… Mais rien n’y fait nous ne cédons pas ! Nous leur donnerons au final une petite lampe de poche à dynamo. Marie tu sauras désormais pourquoi nous ne rentrerons pas en France avec la lampe rouge que tu nous as offertes (mais la jaune est toujours en notre possession…).




Nous rentrons ensuite à la guesthouse et découvrons le concept de Poh le propriétaire des lieux. Le soir, Poh prépare à dîner… mais sollicite tous les convives pour la préparation : épluchage de légumes, découpage de fruits… chacun met la main à la pâte et la cuisine est un lieu ouvert où chacun a son rôle. Au menu ce soir poisson cuit dans des feuilles de bananiers, curry de légumes et salade verte… Un délice ! que nous partageons avec tous les convives, ainsi que Poh, sa femme et sa fille. Très sympa le concept et l’occasion de faire plus ample connaissance avec la famille de Poh !

Le lendemain nous louons à nouveau une moto et partons à la découverte de Paksong et de cascades situées un peu plus loin. Nous partons avec Germain, un français qui repart sur Paksé en moto et nous propose de faire un bout de la route ensemble. Et nous partons, devinez comment ? Et bien sous la pluie bien évidemment (nous bénissons dans ces instants nos capes de pluie immondes achetées en Birmanie. Sans elles impossible de survivre pendant la saison des pluies…). La route est magnifique mais honnêtement sous la pluie elle manque de charme. Nous décidons de faire un break dans une plantation de café afin de goûter le délicieux café des Bolovens. En arrivant à la plantation nous glissons en moto. Rien de grave, nous nous étalons dans la boue très doucement mais nous perdons de l’huile et impossible désormais de passer les vitesses… Sacrée boue ! Bref, nous sommes un peu sur nos gardes désormais. Mais une visite chez le mécano du coin et celui-ci répare en 3 coups de barres à mines et nous rassure sur l’huile. Rien de grave ! Et à la plantation de café ils ont un jet d’eau pour que Matthieu se « lave » avant de rentrer dans le café !!



Nous poursuivons donc jusqu’à Paksong toujours sous la pluie et arrivons là bas vers 14h pour déjeuner. Nous finirons dans un hôtel sur une colline (si vous avez vu ou lu Shining et bien vous voyez très bien de quel type d’hôtel nous parlons) et mangeons dans un grand préau.
Nous commençons à avoir froid (il fait 17° !), et la vue qui devait être magnifique ici est complètement bouchée par les nuages…Nous décidons donc de faire marche arrière et de rentrer à Tadlo, et là bonne surprise : sur le chemin du retour nous retrouvons le soleil, la chaleur et de ce fait une vue magnifique sur la vallée !!!




Le soir notre repas sera composé de cochon sauvage (Poh est très content d’en avoir trouvé, c’est très rare), d’une délicieuse soupe de citrouille et de légumes tout aussi bons.
Nous en profitons pour discuter avec Poh qui nous explique qu il a commencé par travailler dans l’hôtel « chic » de Tadlo (on est à Tadlo, chic est un bien grand mot) avant de devenir guide pour les touristes et Tuk tuk en même temps. Au fur et à mesure il a économisé de l’argent pour pouvoir ouvrir sa guesthouse et l’a construite petit à petit dans son jardin : la première maison en bambou a été construite avec l’aide de 2 touristes allemands qu’il avait rencontré lors d’un trek et de son frère – une semaine : une maison en bambou !! Efficace, rapide, la bambou hut est toujours en service ! Il s’est ensuite agrandi avec des bungalows avec salle de bain partagée, puis 2 bungalows plus spacieux avec salle de bain privée, et en ce moment il est en train de construire un super grand bungalow pour une famille ! Un super businessman Poh ! Bon, ensuite il arrêtera, car il n’a plus de place dans son jardin !
Il nous explique aussi qu’il est très content d’avoir 2 filles car au Laos ce sont les filles qui restent à la maison avec leurs parents quand elles se marient, leur mari vient habiter dans sa belle-famille et apporte avec lui une dot…





Le lendemain il nous faut déjà repartir, pour une fois que nous avions réservé des tickets de bus à l’avance, nous aurions bien prolongé notre séjour pour cuisiner un peu plus avec Poh ! Retour à Pakse avec le bus (2h30 cette fois, car il s’arrête tous les 10 mètres : lorsque nous montons dans le bus (pas d’arrêt, il suffit de se mettre au bord de la route et de faire signe), le bus est plein. 10 mètres après le bus s’arrête de nouveau et 4 personnes descendent !!!! Le mieux dans le bus c’est le petit garçon qui fait pipi dans une bouteille en plastique avant de s’amuser avec tel un shaker en nous regardant… Heureusement il finira par la balancer par la fenêtre. Au Laos c’est la tradition, les poubelles c’est par la fenêtre…
Le soir nous partons pour Vientiane avec le bus de nuit…Nous en profitons pour prendre notre décision : nous restons au Laos ! A Vientiane nous allons racheter de nouvelles capes de pluie pour être au sec et nous irons dans le nord !

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